Depuis
le Moyen Âge et jusque dans les années 1960, l’industrie textile
a occupé une place majeure dans l’économie gantoise. Au
XIXe siècle, les manufactures de filage et de tissage, venues
remplacer l’activité drapière à domicile, furent à l’origine
d’une importante floraison économique basée sur le coton
congolais. Après le déclin de ce secteur au XXe siècle, une
économie plus diversifiée et plus équilibrée s’est
progressivement mise en place à partir du milieu de la décennie
1960, grâce notamment au port maritime. Les principaux piliers, sur
lesquels cette économie s’appuie à l’heure actuelle, sont :
l’industrie , les activités portuaires et logistiques, les
services, les secteurs de pointe (biotechnologie, bioénergie, TIC),
le commerce de détail, la restauration et l'hôtellerie. Nous nous
proposons de décrire ces piliers avec quelque détail plus loin dans
cette section
Le
taux d’emploi, dépassant les 100 % (il s’établissait à
103,6 % en 2003), indique qu’à Gand le nombre d’emplois est
supérieur au nombre de Gantois présents sur le marché du travail,
et fait ressortir que Gand est un pôle d’attraction économique et
que viennent y travailler de nombreux « navetteurs ».
Le
taux d’activité est plus élevé à Gand et tend à y augmenter
plus rapidement, qu’à Anvers et dans le reste de la Flandre.
L’indice de présence (néerl. 'aanwezigheidsindex') — indicateur
économétrique créé par les services d’étude de l’autorité
flamande, qui mesure, par région, la présence d’emplois en
l’exprimant par rapport à la moyenne flamande — s’élève,
pour la région gantoise, à 1,77, ce qui dénote un volume d’emploi
plus important que la moyenne flamande. Le secteur quaternaire (à
entendre ici dans son acception de secteur non marchand), avec un
indice de 2,25, est particulièrement surreprésenté à Gand.
Les
quelque 150 000 emplois que comptait Gand en 2003 se
répartissaient de la manière suivante : primaire :
0,2 % ; secondaire : 25,0 % ; tertiaire :
33,0 % ; quaternaire : 41,8 %. Le fait que
l’enseignement et le secteur des soins de santé sont les plus gros
employeurs à Gand explique la part élevé du quaternaire.
Le
palmarès des 10 secteurs d’activité employant le plus grand
nombre de personnes se présente comme suit : hôpitaux,
services sociaux, soins de santé : 15,17 % ;
enseignement (de base, secondaire, formation continuée) :
9,66 % ; services aux entreprises (sans services financiers
et TIC) : 8,76 % ; administration et institutions
publiques : 8,07 % ; commerce de détail et Horeca :
7,25 % ; transport, entreposage et communication :
6,00 % ; industrie automobile : 4,77 % ;
commerce de gros : 4,75 % ; enseignement supérieur :
4,29 % ; sidérurgie : 4,04 %.
Les
cinq employeurs les plus importants au regard du volume d’emploi
sont (2005) : 1) université (6.200 personnes employées) ;
2) Sidmar (usine sidérurgique du groupe ArcelorMittal, 5.623
personnes) ; 3) CHU (5.155) ; 4) Volvo Cars (5.025) ;
5) municipalité (4.701). L’économie sociale (ateliers sociaux,
ateliers protégés, etc.), en expansion, occupe déjà plus de 2000
personnes.
Pour
attirer plus d'investisseurs et permettre aux entreprises existantes
de s’étendre ou de se relocaliser, des structures de concertation
mixtes, dites bedrijventerreinmanagement (litt. « gestion de
terrains industriels »), ont été créées dans la région
gantoise. La municipalité et les entreprises, parties prenantes de
ces structures, y sont invi
tées
à réfléchir aux moyens de requalifier des friches industrielles ou
créer de nouvelles zones d’activités économiques, accessibles,
respectant l'environnement et une économie durable et intégrée
dans le tissu social du voisinage. Le premier projet (Gentbrugge II)
porte sur la friche de l'entreprise métallurgique Trefil Arbed
(15 ha environ, dans le sud-est de l’agglomération),
maintenant occupée par des logements, des espaces verts, avec aussi
des parcelles louées ou vendues pour des activités économiques,
après passage au crible des candidats investisseurs par le service
Économie de la municipalité, pour s’assurer que les projets se
conforment aux conditions).
D’autres
sites, conçus dans cet esprit de bedrijventerreinmanagement, ont
suivi, notamment à
Drongen
I, au sud de Gand, le long de l’autoroute E40,
Oostakker
(à l’est de Gand),
Zwijnaarde
(site Eiland, sud de Gand), etc.
Bruggen
naar Rabot est un nom générique désignant plusieurs projets de
réhabilitation, de désenclavement et de développement d'un
quartier considéré comme le plus pauvre de Flandre. Dans ce cadre
une démarche originale a concerné en 2008-2009 un aménagement
d'attente sur une friche du quartier Rabot-Blaisantvest avec,
derrière le palais de justice l'établissement d'un vaste jardin
communautaire, à vocation d'agriculture urbaine dont les
microparcelles sont posées au sol, sur la dalle de béton qui
supportait l'usine Alcatel (site de Gasmeterlaan) aujourd'hui
détruite. Cette dalle protège aujourd'hui la terre rapportée de la
pollution du sol sous-jacent, ceci pour plusieurs dizaines de
"jardins de dalle" (jardinage bio), avec aussi une petite
zone d'élevage (volaille, lapins) construite par les habitants du
quartier à l'initiative des habitants et d'une animatrice
socioculturelle, initialement dans le cadre d'un projet artistique et
social. De nombreux végétaux comestibles et des fleurs y sont
cultivés par les habitants du quartier.
Des
activités du textile, de l’habillement et du cuir, qui étaient
traditionnellement les points forts de l’industrie gantoise, le
centre de gravité s’est déplacé, ces dernières décennies, vers
les services commerciaux et les services non marchands ;
cependant, l’industrie demeure importante, représentant autour de
25 % de l’emploi total de l’agglomération, ce qui est plus
que la moyenne des agglomérations urbaines de Flandre.
L'activité
industrielle est surtout localisée en zone portuaire. Aux industries
automobiles, sidérurgiques, chimiques et papetières, présentes
dans la région gantoise depuis de nombreuses années, s’est
ajoutée à une date plus récente l’industrie agroalimentaire.
Les
entreprises les plus importantes, et les principaux secteurs
d'activité, avec leurs parts respectives dans la valeur ajoutée
générée, l’emploi total, sont :
Sidérurgie
- 26 % - 23 % - ArcelorMittal, Aelterman, Group Galloo/Van
Heygen
Commerce
- 22 % - 10 % - Total, Shell, BP, Honda Europe, Volvo
Logistics Europe
Automobile
- 17 % - 25 % - Volvo Cars, Volvo Trucks, Johnson Controls,
SAS Autom
Chimie/pétrochimie
- 7 % - 7 % - UCB, Kronos Europe, Taminco, Solutia, Shell,
Sadaci, BP, Fuji Oil, Rio Tinto Minerals Ghent
Manutention
- 4 % - 4 % - Belgotank, Euro-Silo, CEPG
Matériaux
- 4 % - 6 % - Denys, CBR, De Meyer, Inter-Beton, VVM,
HeidelbergCement.
Énergie
- 3 % - 3 % - SPE, Electrabel
Autre
(papier, recycl.) - 3 % - 4 % - Stora Enso Langerbrugge,
SCA Packaging, SITA, Shanks Waste Solutions
Agroalimentaire
- 2 % - 2 % - Cargill, Algist Bruggeman
Quelques
gros employeurs sont implantés hors de la zone portuaire, dont :
UCO (textile, plus de 800 salariés), GE Power Controls (près de 600
salariés) et Domo (fibre synthétique, 500 salariés).
Le
port de Gand, situé au nord de la ville, est le troisième port de
Belgique. Il est accessible par le Canal Gand-Terneuzen qui rejoint
la Mer du Nord, au niveau du port néerlandais de Terneuzen, sur
l'Escaut occidental. Le canal ainsi que le port sont accessibles aux
navires jusqu’à 80 000 tonnes et au tirant d’eau de
12,5 m. En 2006, le trafic de marchandises a atteint 45,2
millions de tonnes, dont 24,2 millions en fret international et 18,4
millions en navigation intérieure. Le port de Gand accueille un peu
plus de 300 entreprises, constituées pour un cinquième environ de
grandes entreprises, dont Sidmar, Volvo Cars, Volvo Trucks, Volvo
Parts, Honda, and Stora Enso
La
ville de Gand remplit une fonction de pôle régional de services,
tant en ce qui concerne les services commerciaux (32 % du volume
d’emploi total) que les services non marchands (42 %).
Au
demeurant, les plus grands employeurs à Gand relèvent des services
non marchands, en premier lieu les soins de santé et les services
sociaux (15 % de l’emploi gantois, la ville étant, avec une
quinzaine d’établissements hospitaliers et psychiatriques, le plus
important pôle de soins de santé de Flandre), ensuite
l’enseignement (13 %, Gand comptant un large éventail
d’institutions d’enseignement, dont une université et plusieurs
hautes écoles) et les services publics (9 %). D’autre part,
parallèlement au développement de ses activités industrielles,
Gand a évolué vers un important centre de services commerciaux, et
le secteur des services financiers, assurances et services aux
entreprises (banques, assureurs, agences d’intérim, entreprises
d’informatique, etc.) représente 14 % environ de l’emploi
total.
La
ville de Gand s’efforce, en jouant notamment de la présence
au-dedans de ses murs d’une université et d’autres
établissements d’enseignement supérieur, de transformer son
économie industrielle en économie de la connaissance où
créativité, innovation, connaissances pointues et entrepreneuriat
occupent une place centrale et se fécondent mutuellement. Trois
secteurs font à cet égard l’objet d’une attention
particulière : la biotechnologie, la bio-énergie et les T.I.C.
Depuis
de longues années un haut lieu des biotechnologies, Gand entend
s’ériger en centre névralgique (sous l'appellation de Flanders
Biotech Valley) de cette importante activité. Significativement, la
croissance de l’emploi dans ce secteur se situe en moyenne autour
de 40 % par an depuis 1985.
L’activité
se concentre essentiellement dans le parc scientifique Ardoyen à
Zwijnaarde (23 ha), sis un peu au sud de la ville, et largement
occupé aujourd’hui par des sociétés essaimées (spin-offs) de
l’université gantoise. L’institut flamand de recherche VIB
(Vlaams Instituut voor Biotechnologie), qui coordonne la recherche
dans ce domaine en Flandre, y a mis sur pied deux pépinières
d’entreprises, dites « bio-incubateurs », complexes de
bâtiments destinés à héberger des entreprises de biotechnologie
nouvellement créées, leur offrant toutes conditions propices (en
particulier le transfert de technologie) qui leur permettent de se
muer en sociétés prospères. Sur les 7 500 m2 d’espace
ainsi mis à disposition ont établi leurs quartiers notamment les
firmes Innogenetics, Bayer BioScience, Ablynx, Actogenix, AlgoNomics,
Biomaric, Devgen, Yacult, etc. D’autres infrastructures de
recherche ont été réalisées, ou sont en cours de réalisation,
sur le site Ardoyen (e.a. le bâtiment de recherche Fiers-Schell-Van
Montagu, dépendant de l’université), mais aussi sur de nouveaux
sites, tels que le parc scientifique Rijvissche, le long de la route
d’Audenarde (11 ha, doté de quelque 65 000 m2), et
le projet Sint-Pieters-Aaigem (max. 48 000 m2 de surface),
proche de la gare Saint-Pierre, ainsi que d’autres projets.
Souhaitant
faire de la ville de Gand, et plus spécialement de son port, un
centre de l’énergie renouvelable et un pôle de croissance
internationalement reconnu où se déploient des projets industriels
et des activités dans le domaine de la bio-énergie, la municipalité
a mis sur pied un partenariat public-privé nommé Ghent Bio-Energy
Valley, dans le but de développer des initiatives communes en faveur
de la bio-énergie. L’accent est mis sur la recherche &
développement, sur les mesures structurelles et les politiques
publiques, sur les aspects logistiques, et sur la communication avec
le public. Les parties prenantes de Ghent Bio-Energy Valley sont
l’université de Gand, les autorités portuaires, la municipalité,
ainsi qu’une brochette d’entreprises industrielles parmi
lesquelles Alco-Bio-Fuel, Bioro, Electrabel, Oleon, StoraEnso,
Organic Waste Systems et Oil Tanking. L’appui scientifique est
assuré par l’université gantoise, par le biais de 9 groupes de
recherche.
Près
du Rodenhuizedok (rive orientale du canal de Terneuzen) vient d’être
construite, à l’initiative de plusieurs sociétés actionnaires
belges, une bio-raffinerie dotée de trois lignes de production d’une
capacité totale 300 000 litres d’éthanol, soit
suffisamment pour couvrir entièrement les besoins belges en éthanol.
Au demeurant, la matière première utilisée est constituée de
céréales belges, faisant de ce projet une affaire 100 % belge.
D’autre
part, la coentreprise Bioro NV, structure de collaboration impliquant
les sociétés Vanden Avenne, Cargill et Biodiesel Holding, se
propose d’investir 25 millions d’euros dans la construction d’une
ligne de production de biodiesel à base d’huile de colza d’une
capacité de 150 millions de litres par an, de quoi approvisionner
une grande partie du marché belge. La firme Oleon NV pour sa part
investira à Ertvelde (rive occidentale) 29 millions d’euros en vue
d’ériger une usine de biodiesel capable de produire 140 000 tonnes
par an. La société agro-alimentaire américaine Cargill, qui
possède un établissement dans le port de Gand, a l’intention de
convertir son usine de trituration de soja (qui jusqu’ici broyait
les graines de soja en huile pour l’industrie alimentaire) en unité
de production de biocarburants.
Enfin,
l’entreprise Green Earth Energy fabrique, dans ses installations
sises près du Kluizendok (rive occidentale), 150 000 litres
de bioéthanol qu’elle utilise à produire de l’électricité
« verte » en quantité suffisante pour satisfaire les
besoins d’un quart des ménages gantois.
Dans
la région gantoise, quelque 360 entreprises ont une activité dans
le domaine du logiciel et quelque 210 entreprises sont spécialisées
en consultance informatique. Une soixantaine de firmes fournissent
des services informatiques, et une soixante-dizaine s’occupent de
télécommunications. Dans ces domaines également, la ville de Gand
entend bien jouer un rôle de premier plan, aidée en cela par la
présence sur son territoire de l’IBBT (sigle néerl., en clair
Institut interdisciplinaire de technologie à large bande, désignant
une institution indépendante missionnée par le gouvernement
flamand) et de l’université de Gand, qui, comme dans d’autres
domaines de pointe déjà évoqués, concourt par son expertise et sa
technologie à la création de nouvelles entreprises.
Les
commerces de détail (employant 6 300 personnes) et les
entreprises du secteur « horeca » (3 000 personnes)
sont au nombre de 5 400 à Gand, ce qui correspond à 35 %
de toutes les entreprises gantoises et à 6 % de l’emploi
total de la ville.
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